mercredi 31 octobre 2018

Retour de perm ; départs vers les 1ères lignes

24 septembre 1916 : je rentre.

Les uns après les autres, les hommes partent en renfort dans les compagnies de 1ère ligne.
J'accompagne quelques sous-off qui partent ainsi et prennent le train à Châlons.

Avant de nous séparer, nous allons, bien entendu, rendre visite au "Terminus"(*).
Coup d’œil curieux. Une salle pleine à craquer ... mais très peu de Français ; quelques officiers seulement. On sent que nous sommes pauvres et, de ce ce fait, indésirables. Par contre beaucoup d'Anglais à demi-ivres, des Polonais en majorité. Il doit y avoir un camp de ces zèbres-là dans la  région. Les poules sont, du reste, monopolisées par ces uniformes bigarrés. Nous nous cachons dans un coin devant une démocratique bière, honteux de nos nippes dérisoires et de notre porte-monnaie vide. Rires, piano automatique, danses, redanses. Les Polonais ont du succès. Cris des femmes qu'on chatouille. Le tout dans beaucoup de fumée de tabac blond.

C'est mon tour
Mais mon tour est arrivé. Le lieutenant Lagarde me demande si je veux partir en renfort à la Cie 7/1 du génie ou à la Cie 7/2 dont il connaît le capitaine. Les autres sous-off, retour de front, me conseillent eux la 7/1. La 7/2, paraît-il,fait partie d'une division d'attaque où ça barde ! Mon dieu, on veera bien. Lagarde a toujours été si gentil pour moi, faisons lui plaisir ! Je choisis donc la 7/2. A dieu vat.

J'emmène avec moi deux braves types, les frères Streith, Clément et Armand. Le plus jeune, Clément me sauvera la vie quelques jours plus tard. Ce que c'est que d'avoir du pot !

(*) Le Terminus est une maison close de Châlons. Voir l'article du 21 mars.

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