lundi 4 décembre 2017

Remplacer les travailleurs partis

Alors ne pouvant défendre la patrie, je me décidai à travailler pour le village, à remplacer dans un emploi les travailleurs partis. Mais en cette circonstance, autant choisir bien sûr une tâche agréable !! J'acquiesçai donc à la demande du maître pêcheur du pays, François Pénot dont les compagnons étaient mobilisés.

Ave mon frère, nous entreprîmes la grande pêche : tirer sur la senne n'était pas une sinécure et il ne s'agissait pas de "faire semblant" ; le père François n'hésitait pas une seconde à vous balancer son pied dans le derrière et à vous envoyer dans la flotte.

Image d'illustration



Mais il y avait de bons moments quand, après nous être époumonés à tirer sur le "billon", nous voyions arriver la poche au fond de la senne, poche où le poisson grouillait -il y en avait en ce temps-là - ! Heureux nous contemplions les larges brèmes dorées, les brochets longs comme des pains de trois livres, les barbillons moustachus. Ah ! les bons moments !

Le père François choisissait dans la récolte quelques belles perches, quelques beaux gardons aux robes rouges et nous partions à l'hôtel du carrefour chez Dureau.


Chez Dureau

Il faisait lui-même sa friture, s'emparant des fourneaux avec l'autorité d'un à qui on ne refuse rien. La livre de beurre y passait ; il ne fallait pas que les poissons à frire touchent le fond de la poêle. Une poignée d'échalotes hachées bien menues, une autre poignée de persil, une bonne rasade de vinaigre ; mon dieu, que c'était bon. D'autant plus que nous arrivions esquintés de la pêche, que nous avions 17 ans et que nous avions grand faim.


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