Des nouvelles du front

Et puis les jours passent.

Un beau matin, sans crier gare, les journaux réapparurent. Toujours une simple feuille, d'un format on ne peut plus réduit mais qui annonçaient sous une manchette énorme une nouvelle grande victoire : "la victoire de la Marne". (5 au 12 septembre 1914)

Nous y lûmes que l'avance allemande avait été contenue sur une ligne Fère-Champenoise - Sézanne - Montmirail, etc., etc., et que, prenant à notre tour l'offensive, nous repoussions les boches victorieusement.

La bataille de la Marne et les taxis

Nous étions une nouvelle fois sidérés. Ainsi le pays avait été aussi profondément envahi et nous n'en avions rien su.

Les jours passèrent encore.

Alors que j'étais en vendanges à Denée chez le vigneron du père Mazé, Jean Bertrand, le Petit Courrier annonça comme une monstruosité l'incendie de la cathédrale de Reims (19 septembre 1914).

L'incendie de la cathédrale de Reims le 19 septembre 1914

Bien sûr, c'en était une. Nous avions eu le tort toutefois -ce dont les boches se sont servis comme prétexte - d'installer sur une des tours un poste de signalisation optique. Michel, comptable aux Petits Carreaux, qui me raconta plus tard le fait était lui-même un des signaleurs.