mercredi 15 janvier 2020

Les mines

    Les anciennes mines
Dans cette tranchée Kowalski s'ouvrent des ouvertures carrées si petites qu'on doit s'y glisser en rampant. Ce sont des entrées de mines, d'anciennes mines, car elles sont abandonnées aujourd'hui. C'était la série des K : K1, K2, K3, etc. Elles étaient beaucoup trop en surface et les boches qui, eux, évoluaient vers 15 ou 16 mètres de profondeur ne craignaient rien. 
    La dernière, encore en service, K7 est sautée avant mon arrivée à la compagnie. Il y a eu quelques blessés, dont notre vieux copain Seichepine pour qui nous apportions un colis de Châlons... Alors les frères Streith ont liquidé le colis destiné à Pipine.

    Les mines actuelles
Mais nous voici dans la tranchée de doublement d'où partent les mines actuelles. C'est la série des S : S1, S2, S3 jusqu'à S5 tout là-bas au bout du secteur.
    S1, S2 n'ont pas mauvaise réputation.... c'est-à-dire que les sapeurs qui s'y trouvent ne croient pas sauter pour l'instant. 
S3, par contre, est l'épouvantail de la Compagnie... et des fantassins.  S3 doit sauter d'un jour à l'autre. D'où vient ce "percot" ? Dieu seul le sait. Mais les pauvres bougres qu'on y fait descendre font un peu figure de condamnés à mort. Les biffins mêmes qui s'y connaissent en misères, s’apitoient sur leur sort.
   S4 a bien meilleure réputation.
    S5, là-bas, tout au bout du secteur, n'a pas mauvaise réputation. Et pourtant, dès le premier contact, elle me cause une sale impression. C'est qu'elle n'est pas faite comme les autres. On y descend par un escalier à 45% en châssis coffrants. Puis à 7 ou 8 mètres de profondeur, on trouve une petite chambre de 2 mètres sur 4 avec un puits vertical au milieu. Sur ce  puits, un treuil qui sert à monter les sacs à terre pleins, et contre les parois, des barreaux cloués forment deux échelles verticales par où remontent ou descendent les hommes. Effectuer cette montée de 6 à 7 m en cas de danger, de panique, si quelque chose se produit au fond, cela promet une bien jolie pagaïe ! En cas de coup dur, on doit y rester....Impression qui malheureusement sera pleinement confirmée.
    S4bis en tête du ravin. une mine que l'on commence seulement. Les poilus qui s'y trouvent ont vraiment le filon. Eux ne risquent rien, du côté guerre de mines, s'entend, car, bien entendu, tout le monde peut se faire démolir ou ratiboiser lors d'un coup de main.

Le géophone




    L'écoute de l'ennemi
Dans nos pérégrinations, nous avons rencontré un de mes anciens camarades d'Érigné : Roger Sorg. Il est cabot écouteur... une affaire !! Les antennes du géophone aux oreilles,  il ausculte doctement le fond de la mine.
L'écoute, en effet, est d'une grande importance dans la guerre de mines que nous menons. Il s'agit de déceler les bruits que fait le boche en travaillant dans ses rameaux, et, partant de là, de les situer.

Une consigne s'impose pour écouter : ne pas travailler nous-mêmes. Nous demandons également aux fantassins de ne pas bouger pendant ces écoutes, de ne faire aucun bruit, ni dans leurs abris, ni dans les boyaux.
Alors, géophone aux oreilles, l'écouteur essaye de déterminer d'où proviennent les bruits entendus. Boussole en mains, il repère leur direction et par recoupement "Debireu", le sergent dessinateur établira la position du dispositif ennemi.
   Ça ne doit pas coller toujours exactement. D'abord, malgré les consignes, il peut se produire des bruits divers venant de chez nous. Et puis le boche lui-même peut bluffer et taper du pic dans des orientations opposées à celles qu'il suit vraiment.

A l'écoute



    J'étais un jour avec le sous-lieutenant Vidal dans S4 et nous écoutions attentivement, le géophone aux oreilles. Rien sinon un gargouillis.... Je le signale au sous-lieutenant, un gros garçon joufflu et un peu ballot, du Périgord.
"Ce n'est rien, me fait-il, c'est mon ventre qui gargouille." et avec son accent périgourdin, c'était à ne pas oublier. 

    Mais le soleil est maintenant au zénith. Il fait presque chaud. Allons, il faut descendre. Nous passons prendre "Jo" là-bas au bout du secteur. "Jo" veut descendre par le boyau Mauxion, très pratique, paraît-il. Prenons le boyau Mauxion.

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