dimanche 3 décembre 2017

2 août 1914

Un dimanche - Les journaux de Paris nous apprennent que la Russie a déclaré la guerre à l'Autriche, puis l'Allemagne à la Russie. Diable ! Ça barde !

A Champtocé où je me rends l'après-midi, je retrouve mon vieil ami Francis Chaslot et une de nos connaissances de Chevrollier(*), Gautron.

Gautron, qui n'a guère réussi au cours de ses études s'est engagé. Sa petite instruction aidant, je le retrouve ce 2 août 1914 caporal d'infanterie. Il fait, étant orgueilleux un tant soit peu, de grandes démonstrations. Il doit tout prévoir pour le départ de "ses" hommes, et on dirait, à l'entendre, qu'il est en charge de la conduite du régiment. Il part dès le lendemain. Pauvre vieux camarade.
J'ai appris en rentrant de la guerre qu'il était réellement digne d'intérêt.

Son père remarié, sous la coupe d'une marâtre qui ne pouvait le supporter -ce qu'il ne nous avait jamais confié- Gautron s'était engagé pour échapper à la maison paternelle devenue inhospitalière.
Petit biffin au 64ème d'Infanterie, il fit correctement son boulot, et quel boulot dut-il faire le malheureux.
Il passa sergent, adjudant, sous-lieutenant. Il fut tué sous ce grade tant il est vrai qu'un chef de section d'infanterie ne pouvait vivre bien longtemps !

Le soir, à la gare de la Possonnière, grandes nouvelles !! Je rencontre la gente Armande qui, les yeux brillants, toute frissonnante d'émotion, m'apprend que Védrines a enflammé un zeppelin, que Brindejonc des Moulinais a fait sauter je ne sais plus quel pont stratégique, que notre armée avance en Alsace... que sais-je ?

En un quart d'heure, tout le pays a frémi au soir de ces magnifiques réalisations.

(*) Chevrollier : il s'agissait d'un établissement scolaire d'Angers (école primaire supérieure). Actuellement lycée des métiers "Chevrollier".


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