Lundi 3 août -
Mai il faut bien que le village à son tour entre dans la guerre, avec les moyens dont il dispose bien entendu.
La première manifestation à prendre corps fut "l'espionnite". On vit des espions partout autour de la gare, dans les prés de l'Alleud,... Qu'auraient-ils bien pu y faire, grand dieu !
La gendarmerie fut sur les dents. Ce n'était pas suffisant. C'est alors que fut créée la "garde civique" chargée de la défense de la Possonnière.
Qui racontera jamais les hauts faits de cette phalange mémorable, formée de "vieux" encore valides dont le père Colaisseau devait bien être capitaine ou quelque chose d'approchant.
Toutes les routes aboutissant au village furent barrées de chaînes et de piquets de fer compliqués de charrues ou d'instruments aratoires formant barricades.
Je me rappellerai toujours du poste du Vaux..... où le père Colaisseau lui-même prenait la garde.
Derrière les chaînes tendues, le litron de rouge bien au frais au fond du fossé, nos vieux braves étaient là, armés jusqu'aux dents. Chacun avait au moins deux fusils de chasse, de vieux pistolets, des sabres retour de la guerre de 1870.
La première victime de cette garde fut une vieille douairière venue tout droit de sa propriété de la Forestrie ou bien de Chevigné. Elle allait prendre le train du soir pour rentrer bien vite à son appartement de Paris. Son cocher n'ayant pas obtempéré à l'injonction "Halte là ou je fais feu !", l'équipage faillit être fusillé sur place. Puis comme elle n'avait pas le "mot", elle dut repartir hargneuse vers son manoir.

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