samedi 6 janvier 2018

Coligny

Arrêt. Une petite gare : Coligny. Nous débarquons. Il est 10 heures du soir. Il y a des civils !! Qu'est-ce que c'est que cette foutaise ? Il y a des civils au front maintenant.

Une petite gare, des granges.

Abrutis,  las, nous nous laissons entraîner vers les granges voisines.
Quand le paysan, alerté, nous eut expliqué que 50 kilomètres encore nous séparaient de la ligne de feu, nous comprîmes notre erreur.

La paille était la même qu'à Érigné ; il n'y avait plus qu'à dormir. Seulement, quand tout fut silencieux, que le sommeil eut déjà emporté les plus pressés, nous entendîmes un roulement sourd, étouffé, avec des coups plus violents de temps à autre. Le canon !

Et nous pensâmes au lendemain qui nous verrait monter vers ces zones encore lointaines.

Nous organisons notre vie dans ce pays ingrat où les gens ne sont pas affables. La popote des sous-off est vite joyeuse. Là se trouvent un autre Gad'Z'arts, Berguin, un aspirant de ma classe et quelques sergents détachés  du front pour servir d'instructeurs, Bouclet, Maigret, etc.

 
Nous travaillons dans la craie et faisons nos premiers abris. Le soir nous montons quelquefois sur un piton planté là au beau milieu de la plaine, le mont Aimé, à mi-chemin entre Coligny et Bergère-les-Vertus. Du sommet, quand le temps est clair, nous apercevons dans la nuit les fusées du front et les lueurs brèves et rouges des départs et des  éclatements.




Lors de la première bataille de la Marne en septembre 1914, le mont Aimé se trouva au centre du dispositif de la bataille des Marais de Saint-Gond.





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